Extrait du discours du Président de la République Démocratique du Congo, Monsieur Félix Tshisékédi, lors du sommet des trois bassins forestiers tropicaux.

" Parce qu’en ce moment où nous parlons de ce sujet très important, la conservation de notre biodiversité, de nos forêts, il se passe en ce moment dans le parc de Virunga, l’une des réserves naturels les plus importantes au monde, en forêt et en biodiversité, un activisme armée qui met à mal cet écosystème. Il le détruit. Et cela n’a pas été décidé à Washington, à Paris, à Bruxelles ou à Londres. Ça été décidé en Afrique et plus précisément à Kigali. C’est l’œuvre d’un frère africain. C’est pour vous dire que nous devons bannir l’hypocrisie qui est entre nous. Nous devons bannir des fléaux tels que le tribalisme, la haine de l’autre. Et là je crois que nous pourrions parler d’abattre nos barrières, d’effacer les taxes douaniers. Tout simplement parce que malgré nos engagements, rappelez vous à l’Union africaine, l’horizon 2020 était l’objectif pour faire taire les armes en Afrique. C’est devenu une chimère. Et nous ne nous en occupons pas. Nous ne condamnons pas. Et tant que ce serait comme ça, il faudrait oublier toutes les bonnes initiatives telles que celle préconiser par le Président Ruto. Nous devons avoir le courage de nous regarder entre africains les yeux dans les yeux. Et nous dire qu’on ne peut pas s’appeler frères et se poignarder dans le dos en même temps.

Nous devons arrêter de rejeter nos responsabilité sur les étrangers non africains. La colonisation, ça fait une soixantaine d’années qu’elle est terminée en Afrique. Ceux qui nous avaient colonisé, divisé, aujourd’hui, ils ont compris le sens de la paix. J’en veux pour preuve, la France et l’Allemagne, pour ne citer que ces deux pays, qui étaient de véritables ennemis par les temps passés et qui sont les meilleurs amis aujourd’hui, le moteur de l’Union européenne. Tant que nous ne réfléchirons pas comme ça, eh bien ces amis, ces partenaires à qui nous rejetons toujours la faute, ils continueront toujours à nous prendre pour des irresponsables. Ils ne nous respecteront jamais.

J’ai suivi tout à l’heure avec attention l’adresse du Président Macron, toute sa bonne volonté à vouloir venir dans des partenariat, mais j’ai tout de suite compris par son attitude que c’était du politiquement correct. Il n’en croyait pas un mot. Non pas parce qu’il est menteur, mais parce que nous ne sommes pas sérieux. Et ils le savent.

Le jour où nous mettrons fin à ce à quoi nous assistons aujourd’hui à l’est de la République Démocratique du Congo, des rwandais qui viennent semer la pagaille, la mort, la désolation, uniquement dans le but de s’enrichir, de piller les ressources, le jour où nous mettrons fin à ce genre de comportement alors oui, nous aurons compris.

Je suis désolé, en tant que Président de la République Démocratique du Congo et face à ce genre de comportement, je ne suis pas tenté de construire des ponts, mais plutôt des murs pour sécuriser ma population. "

Pour mieux comprendre

Les minerais (coltan, cassitérite, tungstène) représentaient 28% du total des exportations du Rwanda et constituaient la première source de devises, alors que ce pays ne dispose pas de gisements suffisants pour assurer une telle production.

Le régime rwandais bénéficie du soutien des Etats-Unis dont la stratégie est d’exclure les Européens, Belges et Français du partage des richesses de cette région. Ce soutien se fait au dépend de la RDC et a contribué à l’accroissement et la virulence des conflits armés dans la région.

Le grand vainqueur

Le sommet dont l’objectif était de réunir les principaux leaders des trois grands Bassins forestiers tropicaux de la planète : Amazonie, Congo et Bornéo Mekong est un flop. Car aucun président de l’Amazonie ni de Bornéo Mekong ne s’est présenté à cette réunion. La raison serait l’immaturité de l’élite dirigeante en Afrique centrale, des décideurs politiques corrompus et pour la plupart aux ordres des puissances étrangères. Profitant de cette tribune, le Président Félix Tshésékédi n’a pas hésité de régler ses comptes avec ses pairs de la région, rappelant à Denis Sassou Nguesso que le respect des aînés, cher aux africains, ne valait pas aux hypocrites, le leadership n’étant ni un problème d’âge ni de longévité au pouvoir, bien au contraire.

L’homme fort de Kinshasa renvoyait ainsi aux calendes grecques les fonds bleu pour le Bassin du Congo, un projet initié par son homologue brazzavillois pour permettre aux États de la sous-région du Bassin du Congo de passer d’une économie liée à l’exploitation des forêts à une économie s’appuyant davantage sur les ressources issues de la gestion des eaux. Désormais, le principal interlocuteur c’est Kinshasa n’en déplaise aux indéboulonnables de la région. L’avenir de la planète appartient aux jeunes. Les relations entre les deux congolais se sont détériorées depuis le rapprochement de Brazzaville et Kigali.

Les amis de nos ennemis sont nos ennemis, tel est en filigrane le message du Président Félix Tshisekédi adressé à son homologue Denis Sassou Nguesso. Ainsi l’homme fort de la République Démocratique du Congo a profité de ce rendez-vous international pour afficher son leadership et c’est lui le grand gagnant de ce sommet.

La République Démocratique du Congo est située au cœur du bassin forestier du Congo, qui abrite une biodiversité précieuse et joue un rôle vital dans la régulation du climat mondial. Il est hypocrite de vouloir la préservation de ce bassin et en même temps travailler à déstabiliser ce pays pour mieux piller ses ressources. Les grandes puissances et les entreprises multinationales jouent un rôle fondamental dans ces activités ce, avec la complicité des gouvernements et les élites locales.

Il est impératif de poser avec acuité la question de savoir « à qui profite le crime » pour aider à mettre en lumière les acteurs impliqués et les mécanismes qui alimentent ces problèmes.