COP28 : Un accord historique ou un accord hypocrite
L'accord de Dubaï, salué comme une étape cruciale dans la transition vers des énergies plus durables, suscite néanmoins des interrogations quant à son réel impact sur la crise climatique. Alors que les leaders mondiaux célèbrent le triplement des énergies renouvelables et la reconnaissance du rôle du nucléaire, certains s'interrogent sur la sincérité de cet engagement et sur la véritable priorité accordée à la préservation de notre planète
Philippe Assompi
12/13/20233 min read
Retour sur l'accord de Paris
L'accord de Paris, conclu en 2015, visait à contenir le réchauffement climatique mondial en deçà de 2 °C, avec une aspiration à limiter ce dernier à 1,5 °C d'ici 2100. Cependant, les conséquences visibles du changement climatique, telles que les incendies dévastateurs au Canada, en Europe et en Amérique, les inondations dévastatrices, ainsi que les sécheresses historiques, suggèrent que ces objectifs sont loin d'être atteints. Selon Copernicus, l'année 2023 est la plus chaude depuis le début de l'ère préindustrielle, soulevant des inquiétudes quant à l'efficacité des initiatives internationales actuelles.
Les conférences climatiques et les lobbies
L'accord de Dubaï a été accueilli avec enthousiasme par certains, mais d'autres remettent en question la crédibilité des négociations climatiques internationales. Les conférences sur le climat sont souvent critiquées pour être des terrains de jeu pour les lobbies, et Dubaï ne fait pas exception. Si la COP28 marque la victoire des lobbyistes pro énergies fossiles, elle soulève également une nouvelle préoccupation : l'émergence des lobbies pro énergies nucléaires.
Les grandes puissances, parmi lesquelles le Royaume-Uni, la France, le Canada, la Finlande, le Japon et la Corée du Sud, sont accusées de privilégier le financement du parc nucléaire par des institutions internationales au détriment de la préservation des écosystèmes fragiles, tels que les tourbières, les forêts et les océans. Ces écosystèmes jouent déjà un rôle crucial en séquestrant des milliards de tonnes de carbone, et leur protection devrait être une priorité dans la lutte contre le changement climatique.
La nécessité d'une réflexion critique
Face à ces enjeux, les appels à l'accélération de la transition vers des énergies durables se multiplient, à l'image de l'invitation lancée par le président français Emmanuel Macron. Cependant, il est impératif de s'interroger sur la sincérité des engagements pris lors de l'accord de Dubaï et sur la véritable volonté des nations de prendre des mesures significatives pour préserver notre planète.
Fixer le prix de la tonne de carbone séquestré, une urgence absolue
Dans un contexte mondial marqué par l'urgence climatique, la fixation d'un prix adéquat pour la tonne de carbone séquestré émerge comme une nécessité cruciale. Alors que les émissions de gaz à effet de serre continuent d'escalader, il devient impératif de promouvoir des pratiques durables qui favorisent la capture et le stockage du carbone. Fixer un prix sur la tonne de carbone séquestré offre une incitation économique aux entreprises et aux industries pour adopter des technologies et des procédés respectueux de l'environnement. Mais cela offre aussi l'opportunité, dans le cas des tourbières du Congo, d'encourager les initiatives citoyennes afin d'impliquer d'avantage les congolais des deux rives à la préservation de cet écosystème tourbeux. Un sommet sur le sujet sous l'égide des Nations Unies, renouvelable chaque année, s'impose.
L'accord de Dubaï est une avancée en trompe-l'œil dans la lutte contre le changement climatique. Au-delà des discours, il est essentiel d'analyser les actions concrètes mises en œuvre pour atteindre les objectifs fixés par l'accord de Paris. La préservation des écosystèmes naturels, le développement des énergies renouvelables et la réduction des émissions de gaz à effet de serre doivent rester au cœur des priorités mondiales, et l'une ne doit pas être au dessus de l'autre, si l'on souhaite véritablement inverser la trajectoire du changement climatique et assurer un avenir durable pour notre planète.